Dans notre dernier Bulletin municipal, nous avons publié un très beau poème intitulé « Vieilles maisons » dont nous ne connaissions pas l’auteur, malgré quelques recherches effectuées sur internet. Suite à la diffusion du Bulletin municipal, nous avons été contactés par la famille Brès de Malons qui nous informe que ce texte est issu du recueil de poèmes « C’est pour rire et pour pleurer » écrit par monsieur Marcel Brès et publié en 1988 aux éditions Lacour-Olle de Nîmes. Pour rappel monsieur Marcel Brès fut instituteur et maire de Malons et Elze de 1977 à 1989.
Toutes nos excuses à la famille Brès pour notre maladresse !
Magali Amissano pour la Commission Communication
Vieilles maisons
Vieille ruine de pierres grises !
Tu caches ta misère au milieu des buissons ;
Quelques arbres touffus éloignent l’indiscret
Et la ronce sauvage protège ton secret ;
Te souviens-tu du temps où tu étais maison ?
Vieille ruine de pierres grises !
Vieille ruine de pierres grises !
Ici l’on engrangeait le foin et la moisson ;
Là était l’écurie, et là logeait le maître,
Et plus bas, le moulin, la tombe des ancêtres
Vois, je te reconstruis en imagination,
Vieille ruine de pierres grises !
Vieille ruine de pierres grises !
Combien d’enfants sont nés ? Combien de vieux sont morts ?
Lorsqu’entrait un berceau, s’en allait un cercueil
Et le générations se croisaient sur ton seuil ;
Toi, tu restais debout et tu bravais le sort,
Fière maison de pierres grises !
Fière maison de ma Cévenne !
Les temps ont bien changé ; les jeunes ont déserté ;
Les vieillards en détresse et sans autre avenir
Restaient au coin du feu, vivant de souvenirs,
Et puis, sans dire un mot, un jour, ils t’ont quittée
Vieille maison de ma Cévenne !
Vieille maison de pierres grises !
La porte s’est fermée pour la dernière fois ;
Les volets ont battu, les murs se sont ouverts,
Le toit s’est effondré et l’oubli a couvert
Les amours de jadis, la maison d’autrefois,
Vieille ruine de pierres grises !
Vieille ruine de pierres grises !
Tu cachais ta misère au milieu des buissons.
Un jour ils sont venus de la cité lointaine,
Ils ont coupé la ronce, retrouvé la fontaine,
Puis ils t’ont rebâtie de leurs mains de maçons
Vieille maison de pierres grises !
Vieille maison de ma Cévenne !
Ils ont continué et revint le printemps ;
Les rideaux, à nouveau, fleurissent aux fenêtres
Et d’autres cheminées commencent à renaître ;
Vois ! Ils t’ont redonné ton village d’antan,
Chère maison de ma Cévenne !
Vieux village de pierres grises !
L’aïeul s’en est allé avant la maison faite
Et ces lieux sont en deuil où il aimait venir ;
Mais le temps n’oublie pas, il grave un souvenir
Dans la roche éternelle et l’âme du poète,
Cher village de pierres grises !
Cher village de ma Cévenne !
Les larmes vont sécher ; demain va rajeunir ;
Deux fillettes jolies aux yeux de tourterelles
Gazouillaient ce matin dans l’étroite venelle ;
Leurs rires si joyeux sont gages d’avenir,
Beau village de ma Cévenne !
Marcel Brès